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Au fil des années, il m’a été donné de rencontrer des individus retors, des êtres qui profitent des autres, absorbent leur énergie, leur argent, leur vie. Qu’il s’agisse d’une idylle amoureuse, d’un investissement financier, d’une amitié toxique, d’un parent envahissant ou d’un patron harcelant, être sous l’emprise d’une personne est aliénant et destructeur. S’en libérer relève de l’exploit, mais c’est réalisable. Les repères sont biaisés, les émotions sont envahissantes et les pensées tournent en rond. À ceux qui pensent qu’ils sont à l’abri, prenez garde. C’est justement l’assurance et la conviction d’être plus forts que les emprisonneurs qui vous rendent vulnérables.

 

Tout d’abord, ces gens ensorcelants, puissants et dangereux peuvent se trouver partout. Le guêpier peut paraître évident. Mais la relation sous emprise s’installe doucement, sournoisement, vicieusement et qu’on n’a pas toujours les outils et l’énergie pour s’en protéger. Personnellement, j’ai dû consentir bien des efforts pour m’éloigner de situations qui ne me convenaient pas du tout. Car la relation sous emprise a ceci de particulier : l’emprisonné ne veut pas, de prime abord, en sortir! Il s’est accroché à l’emprisonneur comme à une bouée de sauvetage tant ce dernier a réussi à jouer dans sa tête. Il est convaincu que l’emprisonneur va réellement lui apporter l’amour, la richesse, le succès, la paix, la santé. Et il est relativement aisé pour l’emprisonneur d’y parvenir. Il suffit de choisir le bon moment et le bon angle.

 

Manipuler, mentir…

Par ailleurs, mentir, manipuler, contrôler, dominer l’autre, chacun de nous l’expérimente. Cela fait partie de l’apprentissage et de l’expérience de la vie humaine. Mais là où ça devient problématique, c’est quand le contrôle, la manipulation, le mensonge et la domination deviennent les principaux mécanismes de défense et les modes de fonctionnement réguliers. Personne n’est à l’abri d’une relation sous emprise. Quand vous prenez conscience de ce qui se trame, l’emprisonneur a déjà une bonne longueur d’avance. Son jeu est rodé. Il a de la pratique, ce n’est pas sa première fois. Il sait comment faire pour vous amener là où il le souhaite. Et, contrairement à vous, il n’a pas l’effet de surprise et de doute, puisque c’est lui qui mène la partie. J’écris au masculin, mais ce n’est que pour alléger le texte, car des femmes dominatrices et des hommes sous emprise, il y en a tout autant.

Détection

Bien souvent, les gens demandent s’il est possible de détecter un emprisonneur. Tout d’abord, il faut comprendre qu’ils ne sont pas mal à l’aise de cacher la vérité, de manipuler ou de dominer. Ils se sentent généralement justifiés d’omettre certains éléments ou d’enrober la réalité. Paul Ekman[1] affirme que les mobiles du mensonge sont nombreux. Les gens mentent pour ne pas être punis, obtenir une récompense impossible à avoir autrement, protéger quelqu’un d’un châtiment, se protéger d’une menace physique, gagner l’admiration d’autrui, échapper à une situation sociale gênante ou ennuyante, garder une certaine intimité ou exercer un pouvoir sur autrui. Philippe Turchet[2] parle davantage de non-dits et d’authenticité. Or, il y a différents types d’emprisonneurs et plusieurs catégories de mensonges. Les emprisonneurs ne sont donc pas tous pareils.

 

Relation sous emprise

Une relation sous emprise implique deux individus : celui qui instaure une dynamique dominant-dominé et celui qui la subit. Appelé vampire, manipulateur, persécuteur, pervers narcissique, dominateur ou agresseur, l’un des deux protagonistes a donc un comportement insistant, étouffant, aliénant, contrôlant. C’est l’emprisonnneur. Il envahit vos pensées. L’autre est souvent décrit comme la victime, la proie, la cible, le dominé, l’opprimé, le persécuté, le dépendant. C’est l’emprisonné. L’emprisonneur ne veut pas seulement tirer avantage de ses manigances, il veut prendre le contrôle de votre vie, de votre argent, de votre esprit. Ce n’est pas la situation qu’il souhaite dominer, mais bien vous. Ce n’est pas seulement un dominant, mais bien un dominateur. L’emprisonneur trouve donc un certain plaisir à exercer sa domination.

 

L’emprisonneur est manipulateur, mais il est aussi plus que cela. Selon Isabelle Nazare-Aga, le manipulateur correspond à quelqu’un qui aurait dix des trente critères qu’elle décrit dans son livre «Les manipulateurs sont parmi nous[5]». Évidemment, quand on en fait la lecture, on y reconnait bien des gens autour de nous y compris nos propres mécanismes de manipulation ce qui est tout à fait normal et sain. En effet, de voir nos méthodes inappropriées d’influence nous offre l’opportunité de les modifier pour d’autres plus matures.

Conclusion

L’emprise est donc d’une relation toxique dans laquelle l’emprisonné se sent de plus en plus vidé, drainé, coincé jusqu’à ne plus être capable de réagir de façon logique et rationnelle. L’emprise vise à neutraliser l’autre, à l’assimiler, à l’asservir, à effacer sa différence et sa spécificité. Notons que chez les deux protagonistes, on note généralement une faible estime de soi. La relation sous emprise ne se développe pas du jour au lendemain comme par magie. Généralement, elle se met en place par étapes.

 

Suggestion de lecture : Relations sous emprise

 

Annabelle Boyer, CRHA, M. Sc. Administration, génagogue, synergologue

https://www.facebook.com/Annabelle.Boyer.auteur/

 

[1] Ekman, Paul. Je sais que vous mentez!. Éditions Michel Lafon, 2010, 350 p.

[2] Turchet, Philippe, Le langage universel du corps, Éditions de l’homme, 2009, 361 pages.

[3] Le petit Larousse illustré, Éditions Larousse, 2001, p. 344.

[4] http://www.sichem.be/Article_Mecanismes_entreprise.html

[5] Nazare-Aga, Isabelle, Les manipulateurs sont parmi nous. Éditions de l’homme, 1997, 286 pages.