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Comment savoir si votre client est acheteur, si la rencontre est concluante, si le candidat en entrevue dit la vérité, si votre patron est sincère, si votre employé est fiable, si la plainte reçue est fondée ou inventée de toute pièce, si vos négociations portent fruits ? Savez-vous reconnaître les profiteurs avant qu’ils ne vous causent du tort? Distinguez-vous les bons candidats des gens à éviter ? Pouvez-vous dire si votre client est satisfait ou s’il fait semblant de l’être? Pouvez-vous avoir confiance en ce nouvel employé? Votre patron vous soutient-il réellement? Qui dit vrai et qui enrobe considérablement la réalité pour mieux l’agencer à ses objectifs de carrière ? Et vous, quelle image projetez-vous réellement ? Quel impact votre propre non-verbal a-t-il sur vos relations avec les autres ? Êtes-vous conscient des non-dits dans votre propre langage corporel ?

La lecture du non verbal…

La synergologie… S’agit-il d’un don ésotérique ? Pas du tout ! C’est au contraire une discipline basée sur des milliers de recherches universitaires. C’est une méthode qui implique de colliger des données et de les analyser selon une grille d’observation complexe, étoffée et rigoureuse. Avez-vous déjà regardé un épisode de l’émission Lie to me? Vous êtes-vous demandé si de telles capacités sont possibles? Peut-on réellement tout savoir de quelqu’un simplement en observant sa gestuelle, sa démarche, ses mimiques? Et bien… oui… et bien des études le démontrent.

 

Images IRM à l’appui

Premièrement, est-ce que je lis dans votre tête? Pas du tout. Vos pensées vous appartiennent. Mais je lis dans votre corps… Or, des neurobiologistes ont démontré, images IRM à l’appui, «que nos pensées peuvent être censurées ou détournées à notre insu même.»[1] Cela veut dire que votre corps dévoile ce qui se passe en vous avant même que la conscience ne soit au courant… Paniquant? Humm… au premier abord seulement. Pensez-y. Si vous êtes réellement authentique avec vous-même, votre corps est cohérent et vous êtes à l’aise d’assumer vos pensées subreptices, vos émotions spontanées, vos réflexes cognitifs, vos inhibitions et vos impressions.

 

Cependant, là où réside la difficulté, c’est qu’il nous est difficile de laisser tomber nos mécanismes de défense, notre carapace, notre image projetée pour laisser place à notre personnalité naturelle. En effet, on est souvent gêné par notre propre émotion et on se dit que personne ne doit s’en rendre compte. Parfois, on n’ose pas dire comment on se sent, on camoufle notre réaction, on se ment à soi-même parce que ça nous arrange aussi. On omet certaines choses. Et il arrive que l’on refuse d’admettre ce qui nous a traversé l’esprit ou l’on ne veut surtout pas dévoiler ce à quoi on vient de penser. Mais le corps, lui, est cohérent et il divulgue beaucoup de choses sans qu’une parole ne soit prononcée… alors autant s’y habituer et faire la paix avec soi-même…

 

Universalité des états corporels

Deuxièmement, lorsque l’on communique, 7% de la communication passe par les mots, 38% par le ton, le timbre et l’intonation et 55 % par le non-verbal[2]. Ce sont nos façons de réagir qui nous différencient (et cela relève de la psychologie). Nos émotions, et les états corporels sur lesquelles elles se fondent, sont universels. La peur, la colère, la peine, la joie sont ressenties partout à travers le monde. Une recherche sur la reconnaissance des émotions avec des participants de 37 pays[3] conclue que «les émotions primaires exprimées par le visage sont innées et reconnues par tous les peuples quelles que soient leurs cultures.»[4] Même Darwin [5] affirmait que «les émotions activent les mêmes zones du cerveau et déclenchent les mêmes réactions, quel que soit l’endroit de la planète où elles sont observées.» [6]

 

Le même cerveau !

Troisièmement, peu importe notre origine, le cerveau est constitué de la même façon. Ainsi, tout le monde vit des moments de tensions musculaires et des relâchements. Puis, chacun garde des états pour soi et certains orientés vers les autres, des positifs et des négatifs. Enfin, tout le monde exprime un jour ou l’autre de propos inexacts ou erronés et, dans d’autres cas, inhibent certaines vérités. Or, on sait quelle zone cérébrale gère les émotions. On sait que l’hémisphère gauche contrôle le côté droit du corps et, inversement, que l’hémisphère droit contrôle le côté gauche du corps. Les tribus primitives comme les populations dites plus «modernes» ont, dans leur crâne, les mêmes couches cérébrales.

 

Ça marche toujours ?

Est-ce ça peut vous piquer parce que vous avez des allergies ? Tout à fait. Un synergologue ne se fie jamais à un seul item pour tirer une conclusion. Ce serait une erreur. Il observe plutôt un amalgame d’environ huit items simultanément. C’est la méthode des Assates dont parlent si souvent Philippe Turchet[9], fondateur de la synergologie, et, présentée autrement, Paul Ekman[10]. Pour une même image, on peut identifier 20 signes différents en même temps pour étayer une conclusion[11]. L’interprétation première s’applique dans 80% des cas. Le 20% restant nécessite des analyses plus approfondies.

 

Votre corps parle

Si le bras vous démange, que votre tête s’incline vers la droite, que votre déglutition devient apparente, qu’il y a une micro-crispation musculaire, que vos  orteils se retroussent, que votre poids se transfert vers l’arrière gauche, que votre œil droit est plus fermé et que vos jambes croisent en direction de la sortie, alors je vais me douter que la démangeaison initiale n’est pas due à des allergies. En effet, elle a été provoquée par un afflux sanguin lié au malaise ressenti ou à un influx nerveux venu directement d’une zone spécifique du cerveau. Pourquoi ? Parce que ce dernier a réagi à une émotion négative ou tombe dans un mode de vigilance et vous ressentez le besoin de vous protéger, de mettre fin à la conversation ou de ne pas vous impliquer dans un discours qui ne vous plait pas. Et cet état n’a pas été verbalisé.

Conclusion

En conclusion, le corps doit gérer cette émotivité non exprimée ou ce besoin de contrôle ou la réaction physiologique qui a été générée (afflux sanguin, vasodilatation, augmentation du rythme cardiaque, etc.). Il l’évacue physiquement puisque cela n’a pas été fait verbalement. C’est une fuite corporelle. Or, le corps réagit non seulement à ce type de stimuli, mais aussi à une pulsion, à une pensée, à un non-dit, à une volonté d’inhiber de l’information. Finalement, le synergologue ne cherche donc pas tant l’émotion derrière le geste, mais il observe le changement de l’état corporel ou du comportement ainsi que la vigilance.

 

Suggestion de lecture : Je lis en vous, savez-vous lire en moi? et L’ABC du non-verbal en amour

Annabelle Boyer, CRHA, M. Sc. Administration, génagogue, synergologue

https://www.facebook.com/Annabelle.Boyer.auteur/

 

[1] Informations disponibles sur le site Internet www.synergologie.org

[2] Albert Mehrabian, Albert : http://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Mehrabian

[3] Scherer K.R et Wallbott H.G : Evidence for universality and cultural variation of differential émotion response patterning. Jounal of personality and Social psychology, 1994, 66, pp. 310-328.

[4] Turchet, Philippe, www.synergologie.org/regards-croises/ouvrages-interessants-sur-la-communication-non-verbale

[5] Darwin Charles : The expression of the Emotions in Man and Animals . Ed John Murray, Londres, 1872

[6] Turchet, Philippe, www.synergologie.org/regards-croises/ouvrages-interessants-sur-la-communication-non-verbale

[7] Feyereisen Pierre: Le cerveau et la communication, Coll “ Psychologie d’aujourd’hui ”, P.U.F, 1994, 213 pages.

[8] Mc Neill D : “So you think gestures are nonverbal ?” Psychological review, 92, 1986, pp. 350-371.

[9] Turchet, Philippe. Le langage universel du corps, Les éditions de l’homme, 2009.

[10] Ekman, Paul. Je sais que vous mentez, Les éditions Michel Lafond, 2010, 350 p.

[11] Gagnon, Christine, Martineau, Christian, Voir mentir, La société scientifique parallèle inc. 2009